Vos Contributions et Témoignages

 

Le Bouddha était Indien

Je viens de lire ces quelques lignes attribuées au Bouddha et prédisant la catastrophe parce que des femmes sont entrées dans l'ordre monastique. Le Bouddha ne devait pas être très fort en prédiction car les cinq cent ans sont passés et l'ordre est toujours là ! ca ne fait aucun doute pour moi, ces lignes et les suivantes (sur la pourriture du riz, ultra compatissant de comparer les femmes à une pourriture !) sont de la main d'un moine frustré, recopié et validé par d'autres moines frustrés. Les hommes ont un sacré problème avec leur sexualité, beaucoup plus que les femmes, ça explique leur virulence. On trouve aussi des écrits très sympa chez les pères de l'église !!

Je crois au contraire (voir le livre de Susan Murcott dans ce numéro) que les femmes ont été aidées et protégées par le Bouddha, comme elles l'ont été par le Christ dans les Evangiles.
On a plein d'images de yogis et de haute spiritualité quand on pense à l'Inde, mais c'est aussi un endroit où Gandhi disait qu'il y avait deux catégories de population qui étaient exploitées comme des esclaves, les intouchables et les femmes.
C'est l'un des rares pays au monde où les femmes meurent plus jeunes que les hommes. Malgré les lois, on marie encore des millions de fillettes avant la puberté. Lors du mariage hindou, la femme doit regarder son mari comme son gourou spirituel, même si c'est le pire des vauriens, et elle lui doit une obéissance totale, sans aucun droit légal sur elle-même ni sur ses biens.
Enfin, c'est le seul pays où les veuves ont été conditionnées durant des siècles à se jeter dans le feu de la crémation de leur époux (mais pas l'inverse ! les hommes se remariaient, bizarre non !!)

Le Bouddha était Indien, et Il avait un sacré paquet à gérer face à "la tradition". Que les choses se soient dégradées après sa mort, c'était inévitable, qu'on lui ait attribué des paroles qui n'étaient pas les siennes étaient tout aussi prévisible. On doit plutôt se féliciter d'avoir tout de même un ensemble d'enseignements qui sont beaucoup plus fiables que les sources du christianisme.

Je me sens donc tout à fait sereine face à ces idioties et si un moine osait me lancer ce genre de citation à la tête, j'en déduirai aussitot qu'il a encore pas mal de chemin à faire ... Claire

 

 

Mondial et autres festivités :

 

Dans votre rubrique Nouvelles, j'ai trouvé l'interview de la présidente des Sakyadita excellente et j'avais vraiment envie d'aller en Malaisie rencontrer toutes ces femmes formidables. Mais l'envie ne suffit pas, cette fois, ce n'était pas possible ! J'espère bien que ce n'est que partie remise et que la prochaine fois (dans deux ans, si j'ai bien compris), je pourrai y aller et partager avec toutes celles qui lisent ce magazine les trésors que j'y aurai découvert.

En attendant, je rapporte ici quelques lignes de cette interview à l'usage de celles qui ne parlent pas l'anglais :
"Nous voulons (dans cette réunion en Malaisie) faire connaitre les accomplissements des femmes...
Partout où nous avons organisé une conférence, nous avons trouvé que les accomplissements des femmes ont été ignorés. Personne ne remarque ou se soucie réellement de faire connaitre les contributions des femmes bouddhistes... "

Je voudrai faire un bref commentaire sur cela. D'abord, comme nous pouvons le constater chaque jour dans les journaux télévisés et autres médias, ce n'est pas seulement les accomplissements des femmes bouddhistes qui sont ignorés, mais les accomplissements des femmes en général.

Une simple anecdote : Pour couvrir la conférence internationale des femmes à Pékin en 1995, (4000 participantes) honorée de la présence de Madame Clinton, le journal le Monde ne pouvait pas faire moins qu'y envoyer un journaliste, mais pour le mondial de football, le même journal estimait nécessaire de doubler l'effectif ! (voir à ce propos Que reste-t-il de Pékin ? )

On chercherait en vain dans tous les médias la moindre allusion à la dernière réunion des femmes bouddhistes en Malaisie, mais nous venons de voir le déferlement médiatique de la dernière coupe du monde de football.
Même dans Bouddhisme Actualités, il est question du quatrième Sommet mondial du Bouddhisme en Thaïlande mais pas de la rencontre des femmes bouddhistes en Malaisie !!

Que les hommes se passionnent exclusivement pour des histoires d'hommes, c'est une réalité éclatante. Ils s'identifient à ceux dont ils parlent (voir l'inimaginable déification des footballeurs !), ils ne se sentent tout simplement pas concernés par ce que font ou disent les femmes.

Mais les femmes ? c'est à elles que je m'adresse ici. Elles sont tellement conditionnées que la plupart d'entre elles trouvent normal de ne s'intéresser qu'à la vision que les médias, très largement entre des mains masculines, leur offre. Autrement dit, elles sont complètement conditionnées à trouver normal d'ignorer leur propre vie et leurs propres aspirations et celles d'autres femmes.

Un article de Bouddhisme Actualités souligne complètement ce fait. La femme qui a écrit cet article s'émerveille de la venue du Tibet de trente huit enfants, trente huit garçons, qui dit-elle ont échappé à la crasse et à l'ignorance sans à aucun moment noter que, très probablement, autant de fillettes, simplement parce que ce sont des filles dans un univers où leur place n'est pas reconnue, n'auront pas la même chance.

On pourait se dire qu'une femme s'intéresse à ce que font les hommes car elles ont un père, un frère, un fils dont elles suivent les accomplissements avec fierté. Mais n'ont-elles pas une mère, une soeur, une fille ?
Dans l'interview de la Vénérable Karma Lekshe Tsomo, elle souligne combien les femmes doivent prendre confiance en elles-mêmes et cultiver la certitude qu'elles peuvent accomplir de grandes choses.

Recherchons consciemment les accomplissements des femmes et ne laissons pas des mécanismes archaïques nous conditionner et nous diminuer nous-mêmes. C'est pourquoi le magazine me parle beaucoup. Marie-Claude

 

Réponse à Mondial et autres festivités :

Bonjour Marie Claude, J'ai trouvé ta réflexion très intéressante, mais je voudrai ajouter quelque chose au sujet de cette question d'intérêt des femmes pour les accomplissements des hommes.

C'est très relatif, je ne crois pas qu'il y ait tant de femmes qui soient passionnées par le football et on ne voit pas beaucoup de femmes qui dévorent le journal sportif l'Equipe.

C'est vrai que les femmes ont facilement leurs "héros" au cinéma ou ailleurs, c'est vrai aussi qu'au cinéma, les réalisateurs masculins sont plutôt intéressés à montrer les fesses des femmes que leurs accomplissements.

C'est vrai qu'il y a des femmes extraordinaires et peu de films qui en parlent, mais les films en général ne parlent pas des accomplissements des gens mais principalement des bagarres, des drames, du sexe, etc.

Il nous faut des metteurs en scène féminines, elles ne sont pas assez nombreuses, et qui en plus aient des choses intéressantes à dire au plan spirituel.

C'est vrai aussi que les femmes regardent les hommes dans leurs accomplissements et pas leurs fesses ; là, il y a un comportement vraiment différent entre femme et homme. Je crois que les femmes inconsciemment évaluent la capacité de l'homme en tant que soutien de famille, d'où admiration, recherche du héros solide, etc. tandis que les hommes jaugent l'aspect physique de la femme d'abord.

Bien sûr qu'il faut aller au delà de ce genre de comportement, mais c'est là, en soi, et ça doit jouer même dans le regard que l'on porte sur un enseignant spirituel.

Et justement, en tant que femme, est-ce que j'accorde autant de confiance à une femme qui enseigne qu'à un homme ? je ne parle pas de Tenzin Palmo, mais d'une nonne lambda face à un moine lambda ? Est-ce que inconsciemment je ne suis pas conditionnée par cette image de l'homme qui sait ?

Dans le passé, on n'envisageait même pas une femme médecin, ni chirurgien, les choses évoluent, mais je suis d'accord, on doit être soi-même ultra vigilante pour ne pas se laisser piéger dans des comportements qui nuisent à toutes les femmes. Nadine.

 

 

Nonne ou Laïque :

Quel avenir pour les pratiquantes ?

Les femmes bouddhistes d'Occident sont très largement des laïques. Les nonnes semblent une réponse dépassée pour notre temps. Pourtant, j'aimerai partager ici ce que je crois être une nécessité de l'importance des communautés de nonnes pour l'avenir de la pratique féminine.

Il serait très naïf de la part des femmes de croire qu'elles ont "gagné" le droit à une pratique et à un accès à l'enseignement égal à ce dont bénéficient depuis des millénaires les pratiquants masculins.

Vous avez présenté Jiyu Kennett dans le dernier numéro, une maitresse femme qui a créé un ordre mixte aux Etats Unis. Ayant souffert au Japon et auparavant dans l'église anglicane de discriminations sexistes, elle était très consciente du problème et a veillé à une égalité réelle dans sa congrégation.

Il s'agit d'une congrégation mixte, or qui voyons-nous (d'après le livre de Léonore Friedman) prendre la parole et assumer les responsabilités après la mort du "maître", trois hommes. Non pas deux hommes, une femme, non trois hommes. Un hasard qui n'en est pas un bien sûr, l'histoire nous l'a prouvé, que ce soit dans le christianisme primitif ou le bouddhisme primitif, les femmes enseignaient, étaient reconnues et respectées pour leur réalisation, puis la main mise masculine a commencé. Nous connaissons la suite.

C'est pourquoi je crois que les communautés mixtes ne peuvent pas assurer aux femmes des conditions leur permettant d'accéder au meilleur de la pratique, de devenir enseignantes à leur tour, et donc d'être des modèles pour d'autres femmes.

Je ne suis pas la seule à le penser, Sharon Salsberg aux Etats Unis, enseignante dans la tradition Vipassana, émet des réserves sur l'avenir des pratiquantes bouddhistes, car dit-elle, le risque que les femmes soient à nouveau écartées est toujours là, il est en quelque sorte, inhérent à la nature masculine et il faudra toujours lutter contre cette tendance.

C'est la raison pour laquelle les communautés de nonnes sont infiniment précieuses, les femmes n'y sont pas continuellement menacées par cette tendance masculine à prendre le pouvoir. C'est d'ailleurs à mon avis la raison de la pérennité des nonnes catholiques. Fondation de l'ordre par une femme comme Thérèse d'Avila et plus récemment Mère Térésa, direction et décisions pour l'avenir de l'ordre prises par des femmes pour elles-mêmes.

En Asie, les communautés bouddhistes reçoivent un support financier des laïcs. En Occident, les communautés de nonnes bouddhistes devront trouver des moyens de subsistance comme le font les nonnes chrétiennes, elles n'en seront que plus autonomes et par conséquent moins vulnérables.

L'organisation de retraites et de séjours de ressourcement répond à cette nécessité. C'est pourquoi je souhaite pouvoir trouver en France ou ailleurs des communautés de nonnes que je soutiendrai en choisissant de m'y rendre et de pratiquer avec elles. Josyane.

 

 

Injonction du Dalaï Lama : Ne changez pas de religion :

 

Courrier envoyé à Bouddhisme actualités, en réponse à des articles parus dans le n° de décembre 2005

Dans le dernier Bouddhisme actualités, je lis une fois de plus l’injonction du Dalaï Lama à l’adresse des Occidentaux de ne pas changer de religion, autrement dit de ne pas se convertir au bouddhisme. J’avoue que de pareils propos m’étonnent pour ne pas dire plus. En effet, quelle est l’utilité des centaines de centres tibétains qui ont surgi à travers le monde ces dernières années si ce n’est de répandre le Dharma ?

Par ailleurs, le Bouddha historique a atteint l’Eveil ultime en Inde, dans un pays où régnait l’hindouisme. Par compassion il a mis en route la roue du Dharma, autrement dit il a enseigné, enseignement à la suite duquel des hindous sont devenus bouddhistes, sinon nous n’aurions jamais entendu parlé du boudhisme. Enfin, au Tibet, lorsque Padmasambava est venu prêcher « la vraie religion », il a converti les populations qui auparavant pratiquaient la religion bön.

Ce genre de « conseil » est-il destiné à ne pas créer d’inimitié de la part des écclésiastiques occidentaux à l’égard du bouddhisme ? C’est pourquoi vous titrez «le respect entre les religions», mais le respect d’autrui n’a rien à voir avec conseiller aux gens de ne pas devenir bouddhiste !!!

Le bouddhisme est une quête individuelle de la vérité, le Bouddha historique a insisté nettement sur le fait de ne pas « croire », mais de connaître par soi-même. Alors conseiller au gens de s’en tenir étroitement à leur cadre religieux de naissance, n'est-ce pas les regarder comme des enfants incapables de réflexion personnelle ?

J’ai également vu dans l’article précédent, cette métaphore du Dalaï Lama au sujet du syncrétisme religieux. Il ne faut pas dit-il mettre une tête de yack sur un corps de mouton. Mais n’a t-il pas lui-même commenté les Evangiles ? et Thich Nat Hanh a écrit : Bouddha vivant Christ vivant ?

Est-ce que, au contraire, s’ouvrir à ce qui a de la valeur dans les autres religions n’est pas une nécessité absolue de notre temps ? les Chrétiens, les Hindous, les Musulmans ont bien besoin de connaître le Bouddhisme et, réciproquement, le Bouddhisme peut apprendre des grands êtres réalisés qui existent aussi dans les autres religions.

D’ailleurs le Bouddhiste a évolué de façon tout à fait différente dans les pays où il a fleuri, par un syncrétisme avec les coutumes et la culture du pays d’origine, comment en serait-il autrement ?

Le bouddhisme tibétain n'est-il pas bien différent du Zen et du Hinayana ? Le syncrétisme est inévitable. L'Occident devra trouver sa propre voie et se détacher des aspects culturels qui se sont greffés au Tibet, au Japon et dans le pays d'origine du bouddhisme, l'Inde. Danièle

 

Haut de Page | Accueil | © Bouddhisme au feminin le magazine des femmes bouddhistes sur le net